
Animation collective chez Etienne
Table des matières
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Contexte de l’animation
Etienne est agriculteur dans le Hainaut, sa ferme se compose d’un atelier bovin lait et de grandes cultures, le tout en conventionnel. En 2024, il s’interroge particulièrement sur la manière de faire face à la volatilité des prix suite aux années exceptionnelles vécues.
L’atelier participatif est proposé sur le sujet suivant :

Comment s’affranchir de la volatilité des prix de vente et des coûts de production ?
Début de l'animation
A l’inverse d’autres ateliers, la question est posée de manière générale et non ancrée dans la réalité de la ferme d’Etienne. De plus, la visite de la ferme est prévue en fin d’atelier, et non en début.

Apprentissages – retour d’expérience
Lors du debrief de cet atelier, nous concluons que ce choix n’est pas opportun : les discussions sont mieux ancrées lorsqu’elles sont posées dans un cadre précis. Et la visite de la ferme en début de journée permet aux participants de s’approprier l’environnement dans lequel évolue l’agriculteur.
Compte rendu de l'atelier participatif
Préoccupations des agriculteurs·rices
Les préoccupations sont structurées en cinq axes :
- La fiscalité des fermes
- La santé financière des fermes
- La diversification
- L’accès à la main d’œuvre
- Soutien politique
La fiscalité des fermes
Une réflexion et un partage de connaissances seraient nécessaires sur la fiscalité des fermes, notamment sur base des différents régimes d’imposition.
La santé financière des fermes
Il a été pointé à plusieurs reprises qu’un changement de paradigme doit avoir lieu sur la notion de « santé financière des fermes ». Aucune maitrise des prix de vente, une nécessité de maitriser les coûts de production, mais qui n’est pas suffisante pour générer du revenu.
Changement de paradigme
Diminution coûts production
Préoccupations en lien avec la diversification
La diversification et le manque de revenus impactent l’accès à la main d’œuvre
Un manque de soutien politique est souligné, notamment pour rendre transparent l’aval des filières
Stratégies mises en œuvre au sein du réseau et difficultés/freins rencontrés
Les prises de paroles étaient principalement des témoignages de ce qui est appliqué en ferme. Sans rentrer dans le détail, nous pouvons dresser une liste non exhaustive des stratégies qui selon les agriculteur∙rice∙s, leur permet de diminuer l'impact de la volatilité des prix sur l’économie des fermes. Le plus souvent, plusieurs stratégies sont mises en œuvre au sein d’une même ferme.
Maitrise des coûts de production/diminution des charges opérationnelles
- Diminution des prix d’achats grâce à des achats groupés, via les interactions en CETA, les + partage de savoirs (dont les échecs) pour accélérer le changement.
« Mais il faut surmonter les difficultés du « faire ensemble », définir les modalités de collaboration, se faire confiance, créer un climat d’échanges, sans jugement de valeur, renforcer les liens quels que soient les modes de production et tout en incluant une réflexion sur les filières »

Ouverture d’esprit indispensable pour assurer les échanges, sans polarisation entre les systèmes de production.
- Echanges entre agriculteur·rice·s voisin·ne·s
- Mise en œuvre de pratiques agroécologiques : amélioration de la fertilité des sols, optimisation de l’autonomie alimentaire, bouclage des flux…
- Optimisation de l’existant pour limiter les investissements, avant de se lancer dans de grands changements
- Amélioration de la technicité (ex : rations)
Changement de systèmes de production
Par exemple, avec un passage en agriculture biologique.
Diversification
Augmentation du nombre de productions sur la ferme :
- Ajout de cultures à haute valeur ajoutée
- Atelier complémentaire et compatible avec les autres productions et les affinités du producteur, ou association avec un prestataire
- Trouver les débouchés rentables et durables dans le temps
En faisant un pas vers la transformation ou la vente à la ferme :
- Transformation à la ferme ;
- Vente directe à la ferme ;
- Travail à la commande
- Diversifier les points et formes de vente
Se diversifier, c’est aussi diminuer la taille des ateliers pour limiter la charge de travail ; stabiliser les rendements (fin de la course à la croissance)
Une source de revenu extérieure à la ferme et le développement d’un modèle de ferme différent (activité complémentaire, collectif familial intergénérationnel) tout en sécurisant un revenu
Ces changements, à petite ou grande échelle, demandent de trouver du temps de se poser pour réfléchir, se questionner, même face à une charge de travail élevée
Contractualisation
Contractualisation pour sécuriser au début étant donné les investissements important et l’incertitude météo (contrat de vente pas de location de culture)
Adapter les prix de vente
- Groupement pour la vente plus volumineuse
- Freiner la concurrence entre les fermes en proposant un produit similaire dans un espace restreint
Difficultés relevées
Toutes ces stratégies s’accompagnent inévitablement de difficultés :

- Main d’œuvre : accès et coût ;
- Bilan économique pas toujours favorable : exemple de la tension entre coût des intrants bio et prix de vente ;
- Difficulté de trouver et pérenniser les débouchés ;
- Pression sociale (famille, voisins) ;
- La fiscalité incite à faire des frais, ce qui va à l’encontre de la réduction des intrants.
Outils disponibles
Pour relever certains de ces défis, quelques outils et leviers ont été mentionnés par les participant.e.s :

- Tenue d’une comptabilité (de gestion officielle ou autre) ;
- Création de coopératives de producteur·rice·s, de groupement d’agriculteur·rice·s ;
- Développement de structures d’accompagnement et de cycles de formation ;
- Développement du tissu local…
Synthèse des échanges autour de la problématique posée
Un manque de sécurisation et de stabilité des revenus est imputé à la mondialisation qui génère la volatilité des prix. Une action politique devrait être envisagée en ce sens en modifiant les liens entre les représentants politiques et les industries, afin de mieux faire entendre la voix des agriculteur∙rice∙s et favoriser la transparence de l’aval des filières. Une plus grande stabilité des politiques agricoles est également souhaitable, ainsi qu’une politique fiscale incluant des outils de lissage des revenus.
Ces changements doivent s’accompagner/permettre de modifier les références en termes économiques (ne plus faire du chiffre et pousser à l’agrandissement, aux investissements) et de pratiques, ainsi que de la transmission de ces changements de points de repères dans l’enseignement.
Il est attendu que les consommateurs soutiennent les agriculteur·rice·s de leur région par leurs achats : leurs choix impactent la volatilité des prix.
Au niveau de la ferme, si une distinction doit être établie selon les types de productions et selon l’ancienneté de l’exploitation, plusieurs leviers favorisent la résilience à l’égard de la fluctuation des prix : le stockage des productions, la modestie de la ferme et la recherche d’autonomie. Cette dernière va dans le sens de la diversification des produits destinés à la consommation humaine ou en interne (ex : feed, semences...).
Cependant, la diversification suscite plusieurs difficultés en raison de la multiplication des tâches et connaissances qu’elle nécessite de la part des agriculteur∙rice∙s. Des questions se posent alors sur les nouveaux investissements à réaliser pour gagner en autonomie (stockage, aplatisseur, trieur, etc) ou diversifier les activités (local pour la transformation et/ou la commercialisation), les formes de collaboration possibles ou encore la possibilité (quoique couteuse) de mobiliser de la main d’œuvre. Il en résulte également un questionnement sur le sens du métier : où s’arrête le métier, est-on encore agriculteur∙rice lorsque l’on délègue le travail des cultures ? La transformation incombe-t-elle aux agriculteur∙rice∙s ?