
Animation collective chez Harry
Table des matières
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Contexte de l'animation
Harry est agriculteur à l’élevage du Mont des Brumes, sur la commune de Stoumont. Il s’interroge notamment sur la gestion de ses prairies, la monotraite des vaches laitières et l’élevage des veaux laitiers sous la mère.
Plusieurs animations ont été organisés, avec l’aide d’autres éleveurs de la région, pour tenter de répondre aux questions suivantes :

Comment Harry peut-il mieux gérer ses prairies ?
La monotraite et l'élevage des veaux sous-pis sont-elles des options viables pour son troupeau laitier ?
Début de l'animation : visite de la ferme

« J’ai commencé de rien, je ne suis pas fils d’agriculteur ».
La journée démarre par une visite de l’élevage du Mont des Brumes.
Harry a bâti sa ferme à partir de presque rien. Il amené l’eau et l’électricité sur le terrain, construit l’étable et les silos, et repris des terres que d’autres agriculteurs avaient délaissées, souvent en mauvais état après un manque d’entretien en fin de carrière des précédents exploitants. « Dans ce contexte, s’installer coûte cher ! » explique-t-il.
LES DÉBUTS : UN ÉLEVAGE DE LIMOUSINES
Harry a commencé l’élevage bovin avec un troupeau de vaches limousines, valorisant les veaux élevés sous la mère en circuit court auprès des restaurateurs et boucheries locales. Cependant, « les crises successives (Covid, Ukraine) ont fait chuter la demande de viande de veau. » Une opportunité d’acquérir un troupeau laitier a alors marqué un tournant : début 2023, il réduit progressivement l’élevage allaitant pour se consacrer à la production laitière.
AUJOURD’HUI : UN ÉLEVAGE MIXTE
Actuellement, son troupeau compte une trentaine de vaches laitières Jersey et Simmental. Le lait est vendu à une fromagerie locale, tandis qu’une partie des veaux sont élevés sous la mère, puis commercialisés en colis ou en direct auprès des restaurateurs de la région.
Harry finalise sa formation en boucherie et termine les aménagements d’un atelier de découpe, qui lui permettra de valoriser ses animaux en toute autonomie.
LES DÉFIS QUOTIDIENS DE L’ÉLEVAGE
Au cours de la visite de l’élevage, Harry partage certains défis qu’il rencontre et les solutions qu’il envisage de mettre en œuvre ou qu’il met déjà en œuvre pour y faire face.
Gestion des veaux élevés au pis : impact sur les engraisseurs et concurrence entre veaux

« Quand ils [les engraisseurs] voient qu’on laisse téter les veaux, ils n’aiment pas »
Une partie des veaux est vendue pour intégrer la filière classique d'engraissement. Dans ce cas, ceux qui sont élevé au pis sont dévalorisés (-20% environ), car il faut « leur apprendre la tétine » ce qui engendre une perte de temps pour les engraisseurs. Pour cette raison, Harry recommande de ne pas laisser téter les veaux destinés à être vendus au marchand.

« Le problème avec mes vaches nourrices, c’est que je vais réussir 60-70% des veaux, mais 30-40% vont aller un peu moins bien »
Devant le lot de génisses, Harry partage ses observations : lorsqu’un grand nombre de veaux sont mélangés et qu’ils ont accès à des vaches nourrices, une forte concurrence s’installe, au détriment des animaux les plus faibles. Pour remédier à ce problème, Harry envisage de constituer deux lots distincts : « les dominants avec les dominants, et les dominés avec les dominés. »
Cette approche devrait limiter la compétition et assurer une croissance plus homogène des veaux. Selon l’éleveur, l’élevage des veaux avec des vaches nourrices présente deux avantages majeurs qui justifient qu’il cherche à s’améliorer : une réduction drastique du temps de travail et l’absence de recours aux concentrés.
Expérimentation de la monotraite

« De peur de manquer de nourriture, je suis passé en monotraite »
Harry a testé la monotraite à deux reprises ces dernières années. La première fois, à la suite d’un épisode de sécheresse, pour réduire les besoins en fourrages et concentrés. La deuxième, durant l’été 2024, visait à alléger les contraintes liées à la traite du soir.
Malgré des résultats mitigés, principalement dus à des vaches primipares lors de la première expérience (davantage pénalisées par la monotraite que les multipares) et à des conditions météorologiques (pluies) et sanitaires (FCO) défavorables lors de la seconde, Harry reste optimiste quant au potentiel de cette technique. Il observe que les Jersey maintiennent mieux leur production en monotraite en comparaison aux Simmental.
Les prairies et l’autonomie fourragère
« Je n’arrive pas à avoir de stock »
Malgré les 75 hectares de sa ferme, Harry doit régulièrement acheter des fourrages pour terminer les hivers. La faible productivité globale de ses surfaces fourragères s’explique par un contexte pédoclimatique contraignant et la présence d’un grand nombre de petites parcelles isolées et difficiles d’accès.
Pour gagner en autonomie, Harry s’efforce d’améliorer la gestion de ses prairies afin d’optimiser leur rendement, notamment avec le pâturage tournant dynamique.
Compte rendu de la discussion sur base de témoignages
Afin de réaliser un partage d'expérience sur les veaux laitiers élevés sous la mère ou sous vache nourrice, nous avons mobiliser différents témoignages qui permettaient de créer de la discussion.
Pour plus d'information sur cette méthode, retrouvez la fiche complète ici.
Au total, sept déclarations[1] d’éleveurs Suisses, Allemands et Anglais qui élèvent des veaux sous la mère ont été partagées aux participants. Chacun avait l’occasion de dire s’il était en accord et ou désaccord avec ces déclarations et d’expliquer pourquoi. Voici un compte rendu des discussions.

Conclusion : Tous les participants s’accordent sur le fait que la pratique améliore la qualité de vie de l’éleveur. Cette amélioration s’explique par une réduction notable de la charge de travail, libérant ainsi du temps pour d’autres activités telles que la gestion des cultures, la transformation des produits ou encore des projets annexes.
Sur le plan de la santé, les retours sont globalement positifs, les participants n’ayant pas rencontré de problèmes majeurs à ce sujet. Bien qu’ils reconnaissent que cette pratique entraîne une diminution de la production, ils considèrent que cette perte est largement compensée par les nombreux avantages qu’elle procure.
Enfin, les discussions autour du bien-être animal suscitent davantage de divergences. Les différences de perception concernant les critères de bien-être et la hiérarchisation des facteurs de stress pour l’animal alimentent les débats. Malgré ces désaccords, la majorité des participants se montrent favorables à l’idée que la pratique des veaux sous la mère contribue à améliorer le bien-être animal.
Compte rendu du débat mouvant
Les discussions sur la gestion des prairies ont été initiées par un débat mouvant, une méthode participative où des questions sont posées aux participants, qui se positionnent physiquement en fonction de leurs réponses. Cette approche interactive a permis aux participants de partager et de justifier leurs pratiques en matière de gestion des prairies, favorisant ainsi un échange et une bonne compréhension des réalités de chacun.
Les questions étaient liées aux pratiques suivantes :

- l'hersage des prairies en sortie d'hiver
- l'étaupinage des prairies en sortie d'hiver
- l'ébousage des prairies pâturées
- la fauche des refus en prairies pâturées
- le sursemis des prairies
- la rénovation totale des prairies permanentes
- les techniques de pâturage
- l'apport de chaux
- l'apport de potasse en prairie de fauche
- le roulage des prairies en sortie d'hiver
Dans un second temps, un expert des thématiques abordées, David Knoden (Fourrages Mieux), est intervenu ponctuellement pour clarifier certains points, valider ou nuancer les ressentis des éleveurs ou partager des résultats d’essais sur les techniques discutées.
[1] Ces déclarations ont été tirées d’une fiche technique éditée par l’institut de recherche de l’agriculture biologique en Suisse : Élevage des veaux sous la mère ou avec une nourrice en production laitière. (FiBL, 2023).