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Sophie est ingénieure agronome de formation. Issue d’une famille d’agriculteurs, elle fait d’abord le même choix que ses deux sœurs : celui de ne pas travailler sur la ferme. Toutefois, son diplôme lui ouvre des portes qui ne sont jamais complètement éloignées du monde agricole.

En 2020, Sophie revient vivre sur la ferme. À l’époque, son père est malade, et la question se pose: la ferme sera-t-elle reprise par un membre de la famille? Soutenue par ses sœurs, mais aussi passionnée par l’agriculture, c’est elle qui décidera de reprendre l’exploitation après le départ de son père en 2022.

La ferme du Mont

Construite au XIIIᵉ siècle par des moniales bernardines, la ferme voit arriver la famille de Sophie pour la première fois en 1947, accompagnée de quelques ouvriers. À cette époque d’après-guerre, on y pratique principalement l’engraissement tout en pratiquant un peu l’élevage de chevaux de trait. Locataires durant les premières années, c’est après la construction de l’E19 — qui viendra couper le parcellaire de la ferme en deux — que la famille en deviendra propriétaire.

À la fin des années 1980, les parents de Sophie, reprennent la ferme familiale. Ils se consacrent alors principalement à l’élevage et à la sélection du blanc bleu belge, tout en conservant des critères adaptés à la pratique du veau au pis. Ces critères sont aujourd’hui encore valorisés par Sophie.

Aujourd’hui, la ferme de Sophie s’étend sur 20 hectares de prairies, où pâture un troupeau d’une centaine de bovins, et 80 hectares de cultures. Située en bord d’autoroute, la ferme constitue également un havre de paix pour les rapaces et hirondelles qui nichent dans et autour des bâtisses plusieurs fois centenaires, ainsi que dans les nombreux aménagements réalisés par Sophie.

Veaux au pis

Une caractéristique du troupeau ici, c’est que c’est du veau au pis.

La race , sélectionnée principalement pour sa conformation musculaire exceptionnelle, présente une sensibilité accrue aux maladies néonatales ainsi que de moins bonnes aptitudes maternelles. C’est pourquoi, dans la majorité des élevages , les veaux sont séparés de leur mère à la naissance. Cette pratique vise à limiter les risques sanitaires (notamment la transmission de maladies de la mère au veau), maîtriser les apports en colostrum puis en lait, et assurer un meilleur suivi de la croissance et de la santé des jeunes animaux.

Cependant, certaines fermes font exception à cette règle: c’est le cas à la ferme du Mont. Les veaux y sont élevés au pis, dans le respect du lien mère-veau et d’un mode d’élevage plus naturel. Sophie explique notamment que cette pratique lui permet de sélectionner de la rusticité, de la vigueur et du gabarit au sein de son troupeau.

Veau au pis dans un troupeau BBB
Veau au pis dans un troupeau

VIDEO : Gestion raisonnée du parasitisme

Les anciens bâtiments de ferme, les 20 hectares de prairies permanentes attenantes, les arbres et la présence de ruminants forment, à la ferme du Mont, un véritable écosystème favorable à la biodiversité. Cet environnement offre un refuge pour de nombreuses espèces, notamment les oiseaux et les chauves-souris, qui y trouvent des sites de nidification, des zones de chasse et des ressources alimentaires abondantes.

Sophie est fière de cette richesse et s’efforce de la préserver par tous les moyens. L’un des leviers qu’elle mobilise est la gestion raisonnée du parasitisme . En effet, les traitements antiparasitaires administrés aux bovins se retrouvent partiellement dans les bouses, perturbant ainsi les populations d’insectes coprophages, essentiels à l’écosystème, ainsi que leurs prédateurs naturels comme les oiseaux insectivores et les chauves-souris.

Source : Natagriwal

Dans cette vidéo, Sophie explique comment elle concilie la protection sanitaire de son troupeau avec la préservation de la biodiversité, en collaboration avec ses vétérinaires.

Pour en savoir plus sur la gestion raisonnée du parasitisme, des brochure éditées par Natagriwal sont disponibles sur la page Gestion raisonnée du parasitisme. Ces documents rappellent les enjeux sanitaires, écologiques et économiques liés au parasitisme, présentent les principales catégories de parasites et leurs cycles biologiques, et proposent des bonnes pratiques pour limiter leur impact..

VIDEO : Aménagements en faveur de la biodiversité fonctionnelle

Ce qui me rend heureuse, c’est de me dire que j’ai une ferme qui tire la biodiversité vers le haut, ça me fait plaisir.

nid d'hirondelle
Nids d’hirondelles construits dans une ancienne étable

nichoir pour faucons crécerelles
Nichoir pour faucons crécerelles installé entre 5 et 7 mètres de hauteur, placé à l’abri des vents dominants
haie
Haie diversifiée récemment plantée

Les hirondelles participent à la régulation des populations de mouches, les chauves-souris quant à elles, se nourrissent d’insectes nuisibles. Les faucons crécerelles, la chouette chevêche et la chouette hulotte jouent un rôle dans le contrôle des petits rongeurs tels que les campagnols et les mulots, notamment dans les milieux ouverts. Les arbres offrent de l’ombre aux ruminants, et les haies constituent un refuge pour les insectes auxiliaires.

Ces espèces, parmi tant d’autres, rendent de précieux services écologiques aux agriculteurs: elles régulent naturellement les ravageurs des cultures et participent au bien-être animal. On parle alors de biodiversité « fonctionnelle », car leur présence soutient directement le bon fonctionnement de l’écosystème agricole.

Sophie a bien compris l’importance de ces alliés naturels. Elle a choisi de favoriser une cohabitation harmonieuse avec la biodiversité. Découvrez dans cette vidéo les actions concrètes mises en place sur sa ferme pour maintenir, accueillir et protéger cette vie précieuse.

À la ferme du Mont, les nichoirs sont faits maison !

 Les nichoirs, c’est quelque chose d’assez facile à faire, c’est un projet facile à mener avec ses enfants. Il y a pleins de conseils sur Internet, notamment sur l’étanchéité des nichoirs, leur dimension ou leur position.

La raréfaction des sites de nidification est l’une des causes du déclin des populations d’oiseaux. Pour préserver les espèces présentes et en accueillir de nouvelles, Sophie donne un coup de pouce à la nature en installant des nichoirs qu’elle construit elle-même. Elle s’appuie notamment sur les ressources de l’ASBL Plumalia, qui l’accompagne aussi dans le suivi des populations d’oiseaux présentes sur la ferme. Sur son site, Plumalia partage avec les agriculteurs et les particuliers des plans détaillés, tutoriels et exemples concrets de réalisations sur le terrain.

Le futur de la ferme du Mont

Depuis la reprise de la ferme en 2022, Sophie a déjà amorcé plusieurs changements importants. Elle a réduit de moitié le cheptel et remplacé les cultures de chicons par du lin et du colza, dans une volonté de préserver la qualité des sols. Mais elle ne compte pas s’arrêter là. C’est surtout au niveau des cultures que Sophie souhaite faire évoluer ses pratiques:

  • Optimisation de la gestion des engrais verts en diversifiant les espèces composant le mélange et en identifiant celui qui convient le mieux à la ferme. L’objectif est de pouvoir semer un mélange diversifié mais unique pour simplifier le travail, notamment en évitant de devoir vider et recharger le semoir entre chaque parcelle.
  • Diminution du travail du sol, avec une transition vers l’agriculture de conservation, tout en tenant compte des investissements nécessaires en matériel.
  • Réduction progressive de l’usage des produits phytopharmaceutiques et des engrais de synthèse.
  • Diversification des débouchés, notamment en cultivant du froment panifiable destiné à être transformé en farine à façon, et en développant la vente directe de colis de viande. L’objectif est de multiplier les canaux de commercialisation et renforcer le lien avec les consommateurs.

Ce qui est certain, c’est que l’élevage restera au cœur du système. Il joue un rôle fondamental pour la fertilité naturelle des sols, la résilience de l’exploitation et le maintien de prairies permanentes, précieuses pour la biodiversité.

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