Implantation d'un couvert en sous semis d'une céréale
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Une fiche proposée par l'ASBL Greenotec.
De quoi parle-t-on ?
Le sous semis consiste à semer une ou plusieurs plantes dans une culture déjà en place. Les plantes « sous semées » sont généralement des légumineuses mais peuvent aussi être des mélanges prairiaux (graminées/légumineuses). Le semis d’un couvert associé avec une culture de rente est une technique qui se réalise de plus en plus en colza associé mais de nombreuses autres cultures peuvent s’y prêter. Les céréales ont une bonne gestion de la concurrence par leur capacité de tallage et leur développement racinaire important. Cependant l’espèce sous semée ne doit pas prendre le dessus sur la culture, qui s’expose alors à des pertes de rendements.
Cette fiche est une synthèse des essais et des observations effectuées par Greenotec dans ses tentatives d’associer différents couverts de légumineuses ou de graminées avec des céréales ou d’autres cultures (maïs, colza, lin…).
Le sous semis : avantages et limites
Les avantages
PEndant la culture
- Meilleure portance et donc diminution de la compaction du sol, facilitant l’implantation de la culture suivante en travail de sol simplifié ;
- Concurrence vis-à-vis des adventices ;
- Réduction de l’érosion ;
- Réduction de l’utilisation d’herbicides dans le cas d’un sous semis à l’aide d’une herse étrille ou d’une bineuse.
Après la récolte de la culture
- Fixation de l’azote potentiellement lessivable ;
- Formation d’humus ;
- Augmentation de l’activité biologique des sols ;
- Valorisation en fourrage dérobé ;
- Dans les cas de sous-semis de légumineuses, production naturelle d’azote de 30 à plus de 100 UN, disponible pour la culture suivante.
Les limites
- Un ou plusieurs passages dédiés uniquement au sous semis en fonction du semoir disponible sur l’exploitation ;
- Difficulté du désherbage chimique en plein (sélectivités des molécules sur le sous-semis) ;
- Coût des semences ;
- Risques d’échec dus à la sécheresse, la concurrence, la rémanence d'herbicides...
En agriculture biologique, le semis peut être effectué en même temps que le dernier désherbage mécanique, avec un taux de réussite plus important qu'en conventionnel grâce à une plus faible fertilisation azotée (moins d'avantage pour la céréale), le petit travail du sol (cassage de la croûte) qui favorise l’implantation et l’absence de risque de rémanence d’herbicides.
Techniques de sous semis d'une légumineuse
Plusieurs techniques sont possibles pour avoir un couvert de légumineuse sous la céréale, avec des risques variables : ceux-ci dépendent surtout des itinéraires techniques de chaque parcelle et de la place dans la rotation.
En été, semis anticipé | Semis de la légumineuse dans la culture précédente (colza associé) ou le couvert d'interculture précédent : - Bonne implantation du sous semis - Risque de concurrence avec la culture accrue |
A l'automne, au semis de la céréale | Max. fin septembre pour limiter les dégâts du gel sur la légumineuse : - Espèces de légumineuses peu vigoureuses - Attention au désherbage en plein - Attention à la concurrence entre les plantes |
Au printemps, en décalé | Au stade plein tallage - épi 1cm (mars-avril) : - Permet d'optimiser l'implantation du sous-semis et de limiter la concurrence - Permet de limiter le risque de rémanence (désherbage d'automne) - Plus risqué si printemps sec |
Il est donc plutôt recommandé d’implanter les sous semis pendant les mois de mars/avril, du stade plein tallage au stade épi 1cm. Le semis peut se faire :
- À la volée (semoir centrifuge), suivi ou non d’un passage de herse étrille ou de rouleau pour enfouir/rappuyer les semences. Si les semences ne sont pas enfouies, le risque d’échec est assez élevé, surtout en période sèche.
- À la herse étrille, avec un semoir adapté. L’optimum entre vitesse, facilité et réussite de l’implantation.
- Avec un semoir de semis direct à disque. Cette technique est la plus efficace mais risque d’endommager la culture si le semis est effectué trop tardivement. Un semis avant épi 1cm est conseillé. Ce type de semis est aussi conseillé pour les semis d’automne dans un couvert en place (semis de la céréale sans détruire la légumineuse).
Le choix des espèces
Les trèfles blancs nains (variétés Huia ou Rivendel, par exemple) donnent des résultats intéressants grâce à leurs levées et installations lentes. Les sous semis sont possibles aussi avec des graminées (fétuque, Ray-Grass,), aux semences moins onéreuses que le trèfle, mais le risque de concurrence avec la céréale est plus élevé et il n'y a pas de fixation d'azote.
Les mélanges peuvent être intéressants pour bénéficier des avantages de chaque couvert et pour sécuriser l’implantation :
- 2kg de trèfle blanc + 5kg de lotier : structuration superficielle par le trèfle et en profondeur avec le lotier, possibilité de gestion différenciée en fonction du programme herbicide, l'une ou l'autre espèce prendra le dessus en cas d'année humide ou sèche.
- 2kg de trèfle blanc + 4kg de trèfle violet : longévité du trèfle blanc, implantation plus rapide du trèfle violet.
Espèce | Densité et coût | Avantages | Inconvénients | Pérennité |
Trèfle blanc nain | 4kg/ha, soit environ 24€/ha | - Croit modérément en hauteur - Couvre bien le sol, bonne concurrence des adventices grâce à ses stolons - Récolte fourragère possible - Implantation lente - Effet engrais vert | - Concurrence racinaire si mal contrôlé - Sensibilité aux herbicides - Sensibilité à la sécheresse | 4 à 5 ans |
Trèfle violet | 8kg/ha, soit environ 49€/ha | - Faible sensibilité aux herbicides - Installation rapide - Bon contrôle des adventices - Récolte fourragère possible - Effet engrais vert | - Faible longévité - Concurrences racinaires et aérienne (moisson difficile) si mal contrôlé | 2 à 3 ans |
Lotier corniculé | 10kg/ha, soit environ 81€/ha | - Développement lent - Moins sensible à la sécheresse (racines pivots profondes) - Concurrence pour la culture plus faible (reprise de dormance tardive) - Plus résistant aux herbicides - Bonne structuration des horizons (racines pivots et fasciculées) | - Peu adapté à une récolte en fourrage - Couverture du sol plus faible, donc concurrence des adventices plus faible - Coût assez élevé | 4 à 5 ans |
Luzerne (privilégier le type flamand, plus résistant au froid) | 15kg/ha, soit environ 75€/ha | - Résistante à la sécheresse - Forte production de fourrage - Très concurrentielle pour les adventices, car bonne couverture du sol - Faible concurrence pour l’eau (racines pivotantes profondes) | - Difficile à détruire - Concurrence aérienne si mal contrôlée (moisson difficile) - Coût assez élevé | 4 à 5 ans |
Fertilisation
Comme toutes les plantes, les légumineuses vont prioritairement utiliser l’azote disponible dans le sol avant de fixer l’azote atmosphérique. Une diminution de la fertilisation de 20-30 unités est donc recommandée en conventionnel pour éviter de désavantager les légumineuses, optimiser la fixation symbiotique de l’azote et maximiser leur potentiel. En revanche, la fertilisation peut être utilisée pour avantager la céréale, qui pourra prendre le dessus sur la légumineuse. En conventionnel, le taux d’échec est donc assez important (de l’ordre de 50 à 60%). L’implantation en même temps qu’une culture de colza ou de maïs donne de meilleurs résultats.
Désherbage
En conventionnel, certaines molécules sont à proscrire. En règle générale, il faut éviter les désherbages de printemps sous peine de tuer le trèfle. Des essais de désherbage menés par la Chambre d’Agriculture de Lorraine (France) ont permis de faire quelques observations et préconisations pour optimiser la croissance du trèfle.
A l’automne, il faut éviter le :
Au printemps, il faut éviter :
- Les désherbants de type sulfonylurées et les hormones
- Fluroxypyr
- Mesosulfuron
- Pyroxsulam
Témoignages
Je sème du trèfle blanc (5kg/ha) avec un apv (ou delimbe) monté sur ma herse étrille fin mars. J’ai déjà essayé de mélanger avec du lotier mais en année de récolte tardive (2021) il monte dans la céréale et complique un peu la moisson. Mon couvert est déjà semé après la récolte et me stocke de l’azote pour l’année suivante. Mais pour que cela fonctionne, il faut une petite pluie pour faire germer le trèfle. J’ajouterais un dernier inconvénient pour moi : la gestion des limaces, en année d’automne humide, je mets de l’anti-limace dans la ligne de semis quand la pression est élevée, j’ai déjà dû resemer du colza pour cette raison, ce n’est pas récurrent mais il faut être vigilant.
Marc, agriculteur à Rebecq
La mise en place du sous semis est parfois compliquée. En année sèche, on a parfois de mauvaises levées et en année humide, le trèfle se développe trop, il ne concurrence pas la céréale mais complique la moisson. Le compromis est encore difficile à trouver pour moi en bio, mais il faut encore peaufiner l’itinéraire pour maximiser les bénéfices.
Vincent, agriculteur à Herquegies
Pour aller plus loin
https://www.verdeterreprod.fr/wp-content/uploads/2020/05/Trefle-ds-cereales-TB-Bady-2014-2015.pdf