Table des matières

Content Toc

Introduction

Le colza associé (Figure 1) correspond à la culture du colza en association avec d'autres espèces végétales n’ayant pas pour objectif d’être récoltées. Cette technique permet de couvrir les sols et sécuriser les rendements, tout en permettant de réduire les besoins en azote et en pesticides.

Figure 1 : Colza associé avec féverole (Greenotec, 2020)

Les bénéfices recherchés de l’association avec le colza sont :

  • la réduction des risques de ravageurs à l’automne :

La biomasse produite à l’automne par les légumineuses perturbe les insectes ravageurs des colzas (Figure 2). Des diminutions de morsures d’altises de 33% en moyenne sont remarquées grâce au couvert associé. Ces diminutions d’attaques à l’automne se traduisent en une diminution (en moyenne 25%) du nombre de larves d’altises présentes dans les tiges de colza. Il est à noter que plus la pression d'insectes est importante, plus l’effet de l’association se marque.

Figure 2 : Perturbation des ravageurs du colza par la présence du couvert associé (trèfle d'Alexandrie, féverole...)

  • le contrôle des adventices :

L'association permet d’intensifier la compétition entre la culture et les adventices. Si le colza associé lève rapidement (avant le 1er septembre), produit beaucoup de biomasse avant l’hiver et si la pression d’adventices est plutôt faible, l’association peut être un levier de réduction des doses d'anti-dicotylées.

  • une meilleure gestion de l’azote :

Les légumineuses vont fixer de l’azote de l’air et le rendre disponible pour le colza. Des plantes compagnes bien développées avec un colza peuvent amener entre 25 et 30 unités d’azote qui peuvent être déduites lors des apports d’azote minéral.

  • la limitation de l’érosion :

Le colza associé offre une meilleure couverture végétale, surtout en début de cycle, grâce aux plantes compagnes. Cette couverture réduit l’impact des pluies sur le sol et limite le ruissellement. L’association est aussi l’opportunité d’introduire un couvert permanent (tel que le trèfle blanc) dans la rotation, couvrant le sol dès la maturité du colza et au moins jusqu’au semis de la culture suivante (Figure 3).

Figure 3 : Trèfle blanc nain le jour de la moisson du colza

  • une amélioration de la structure du sol et de l’exploration racinaire :

Choisir des plantes compagnes ayant des développements racinaires différents de celui du colza aide à améliorer la structure du sol et optimiser l’absorption des éléments nutritifs présents dans le sol. De plus, les crucifères ne formant pas de mycorhizes, l’association avec des plantes compagnes permet de les maintenir actives jusqu’à la culture suivante.

La technique du colza associé requiert cependant certains points d’attention :

icone attention
  • Adaptation de l’itinéraire technique par rapport à un colza seul (date de semis, mode d’implantation, programme de désherbages, fertilisation …) ;
  • Dans le cas de fort reliquat azoté, l’association sera peu efficace (moindre intérêt des légumineuses et moindre concurrence face aux adventices) ;
  • Rattrapage chimique éventuel après l’hiver si la plante compagne n’a pas été détruite par le gel ;
  • Coût supplémentaire pour les semences du couvert ;
  • Les parcelles avec des risques élevés de gaillets et de matricaires sont à proscrire pour cette technique. En effet, les herbicides nécessaires détruiront les légumineuses trop tôt. Un semis direct à disques et sans flux de terre peut diminuer les risques liés aux gaillets et aux matricaires (Terres Inovia, 2021).

Choix du mélange de plantes compagnes

Les espèces à associer avec le colza sont à adapter selon la date de semis et, éventuellement, selon les bénéfices recherchés (lutte contre les adventices ou les ravageurs, réduction de l’utilisation des intrants, etc.) (Tableau 1), la rotation ou encore le système agricole (bio ou non). De manière générale, il faut privilégier des espèces (Tableau 2):

  • Très gélives, qui se dégradent pendant l’hiver même en l’absence de gel prononcé, surtout en bio (pas de rattrapage chimique possible) ;
  • De printemps pouvant se développer sur la période automnale ;
  • Non-concurrentielles par rapport au colza ;
  • À systèmes racinaires complémentaires.

Tableau 1 : Liste et caractéristiques des espèces à associer au colza, en fonction de la date de semis.

Tableau 2 : Mélanges en colza associé conseillés par Greenotec

Semis

Quand ?

La date de semis idéale, en Région Wallonne, se situe entre le 15 et le 25 août, pour favoriser le développement du couvert associé et augmenter sa sensibilité au gel. Ces dates permettent d’augmenter les chances d’atteindre environ 1,5 kgMF/m² avant l’hiver et donc de concurrencer efficacement les adventices. Pour un semis en septembre, le mélange doit être adapté (voir exemples ci-dessus).

Comment

La densité de semis est identique à celle du colza cultivé en pur : environ 45 graines de colza par m². En bio, il convient d’augmenter la densité de semis à 60-70 graines par m².

Si le mélange « colza/plantes compagnes » est équilibré en termes de taille de graines, il se sème en un passage avec semoir à céréales. Si le colza est associé avec de grosses graines uniquement, il y a un risque de démélange : le couvert doit alors être semé à la volée juste avant le semis du colza, ou en un passage avec un semoir à double trémie.

Choix de la variété

La variété de colza doit être résistante à l’élongation, car le risque d’élongation est plus élevé en mélange et aux dates de semis préconisées, entraînant une sensibilité au gel accrue.

Cas des méligèthes 

Les méligèthes sont attirés par la couleur jaune et les odeurs dégagées par ses plantes hôtes. En fonction de ces stimuli, ces insectes privilégieront souvent les fleurs plutôt que les boutons. C’est pourquoi, lorsque les attaques de méligèthes sont modérées, l'association d'une variété haute et très précoce en floraison, à raison de 5-10% de la variété d’intérêt, contribue à maintenir les populations d'insectes ravageurs en dessous des seuils d’intervention.

En agriculture biologique

En agriculture biologique, l’objectif premier sera de lutter contre les adventices. Pour ce faire, il faut que la biomasse totale (couvert + colza) à l’entrée de l’hiver se situe entre 2,5 et 3,5 tMS/ha. Concrètement, il faudra adapter la densité de semis à 60-70 grains/m2 et toujours semer entre le 15 et le 25 août. Idéalement, le semis se fait proche d’une pluie pour permettre une levée plus rapide du mélange.

Un semis au semoir monograine est envisageable afin de pouvoir biner. Cependant, il est alors difficile d’y associer des plantes compagnes.

Autres adaptations des itinéraires techniques

Le choix des herbicides doit être adapté aux espèces présentes dans le couvert car le programme de désherbage classique du colza est phytotoxique pour les légumineuses. Plusieurs stratégies sont possibles en fonction des objectifs souhaités, dans les cas où le couvert associé n’aura pas suffi à concurrencer les adventices :

  • L’application d’un produit phyto contenant les matières actives suivantes : diméthénamide-p, métazachlore et quinmérac, en post-levée précoce sur un colza vigoureux (avant le stade 2 feuilles ou pré-levée), peut être utilisé pour un désherbage des dicotylédones lorsque les parcelles ont une pression d’adventices relativement faible. Les plantes compagnes pourront se développer. Les espèces conseillées doivent être gélives et vont donc naturellement se dégrader en cas de gel hivernal. Cependant, le métazachlore est repris dans la liste des matières actives à substituer dans le cadre de l’Ecorégime Réduction d’intrants.
  • Si la parcelle en colza associé se salit de trop en automne, on utilisera un mélange des matières actives suivantes en post-levée au stade 4 à 6 feuilles : aminopyralide, halauxifène-méthyl, picloram. Les plantes compagnes seront détruites mais elles auront déjà joué un rôle contre l’érosion et contre les altises. Dans cette stratégie, il convient de choisir des plantes compagnes peu onéreuse en raison de la faible durée du couvert.
  • Si la parcelle a une trop forte pression en adventices, on utilisera le clomazone. Celui-ci s’applique en pré-émergence en colza pur et n’est pas sélectif des légumineuses. Le trèfle y est très sensible. Si le clomazone est nécessaire, il faudra alors éviter de mettre des légumineuses.

En cas de semis tardif, le développement des plantes compagnes est faible en automne, elles résistent alors mieux au gel et peuvent persister au printemps. Un mauvais choix d’espèces ou de variétés de plantes compagnes, peut aussi mener à la présence de plantes non gelées au printemps. Une fertilisation azotée en sortie d’hiver peut permettre de donner un avantage au colza. Sinon, la gestion dépendra des espèces présentes et de leur densité :

  • Le trèfle d’Alexandrie, la lentille et le fenugrec ne sont dérangeants pour le colza qu’à haute densité. En cas de grande densité, un traitement à base de clopyralid sera conseillé.
  • La féverole est peu dérangeante, car elle sera à maturité lors de la moisson. En-dessous de 10 pieds de féverole par m² (Figure 4), les rendements du colza ne vont pas être impactés. Les graines de féverole étant plus grosses que celles de colza, leur tri est relativement aisé lors de la moisson.

Figure 4 : Colza associé avec féveroles vivantes au printemps (Greenotec, 2024)

Conclusion

L’ajout de plantes compagnes à la culture de colza présente plusieurs avantages : des réductions d’engrais et d’insecticides sont possibles tout en sécurisant les rendements. Cependant, plusieurs aspects techniques sont à prendre en compte par rapport à un semis en pur afin de profiter de tous les bénéfices de cette association et d’en diminuer les risques. Le colza associé fait partie et ne peut être dissocié d’une approche globale visant à améliorer la robustesse de la culture.

Pour plus d'informations, vous pouvez consulter le site internet de Greenotec ou lire le témoignage de Luc Hayois, agriculteur du réseau Terraé qui témoigne sur la pratique du colza associé.

Sources :

  • BASF. (2023). La culture du colza en couvert associé. Consulté le 5 mars 2025, à l’adresse https://www.agro.basf.fr/fr/cultures/colza/colza_en_couvert_associe/
  • Terres Inovia. (2016). Leviers agronomiques de gestion des dicotylédones en colza. Consulté le 5 mars 2025, à l’adresse https://www.terresinovia.fr/-/gestion-des-dicotyledones-en-colza#:~:text=Semer%20le%20colza%20en%20association,du%20colza%20et%20des%20couverts.
  • Terres Inovia. (2021, 26 mars). Bénéfices et conduite du colza associé à des légumineuses. Consulté le 5 mars 2025, à l’adresse https://www.terresinovia.fr/-/benefices-et-conduite-du-colza-associe-a-des-legumineuses

Écrit le

Dernière modification